Discours de François Hollande à Nice le 28 mars 2012
Mes chers amis, vous êtes venus nombreux, le théâtre est plein, d’autres sont à l’extérieur et nous écoutent, je les salue. Je remercie Patrick Allemand d’avoir organisé cette réunion. Je salue Michel Vauzelle de nous rappeler une fois encore que le sud ne doit pas être oublié, car le sud est une chance pour la France à condition qu’on le regarde à la fois avec la fierté qu’il revendique et la solidarité qu’il réclame. Je veux aussi saluer ici Jean-Pierre Bel, le Président du Sénat, et devant lui je prends l’engagement que les collectivités locales, demain, seront respectées, reconnues, et qu’un nouvel acte de décentralisation sera posé pour donner plus de liberté et de responsabilité à nos territoires. Arnaud Montebourg a rappelé par son discours que les Socialistes étaient unis, rassemblés avec ces primaires pour, maintenant, permettre le changement.
Je suis là devant vous, à quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle. J’en mesure à chaque instant l’enjeu. L’enjeu, c’est de savoir, d’abord, si les Français veulent continuer ou veulent changer. Est-ce qu’ils veulent poursuivre avec le même président, la même politique, ou est-ce qu’ils veulent par un choix de conscience, de confiance, donner au changement toute sa réussite ? Je suis devant vous le candidat pour le changement !
Nous sortons d’un quinquennat marqué par l’échec. Echec face à la montée du chômage. Dois-je avoir la cruauté — mais même dans cette période de campagne présidentielle je finis par être indulgent… — de rappeler que le candidat de 2007, qui fut hélas élu, avait promis de ramener le chômage à 5 % de la population active ? Il avait même ajouté qu’il ne demandait qu’à être jugé sur son résultat en matière de lutte contre le chômage, et que s’il n’avait pas ramené le chômage à 5 %, il envisagerait de ne plus se représenter ! J’ai compris qu’il voulait persévérer… Mais c’est le peuple français qui va décider de l’arrêter ou de poursuivre !
Quinquennat de l’échec par rapport à une croissance qui est devenue si faible qu’elle sera sans doute de zéro au premier trimestre. J’entendais le candidat sortant nous parler de la « baisse tendancielle de la hausse » ! La croissance ? Cela aurait pu être pire ! Les déficits ? Ils seront moins lourds demain ! Toujours cette forme d’excuse, toujours cette façon de ne jamais être responsable de ses choix.
Quinquennat de l’échec, mais quinquennat de l’incohérence, de la virevolte, du zigzag, de la contradiction. Quinquennat qui commence avec des baisses d’impôts pour les plus favorisés et qui se termine par une hausse des prélèvements sur tous les Français. Quinquennat qui commence par le refus de la TVA dite « sociale » et qui s’achève par la hausse de la TVA — qui n’est pas plus sociale que la première.
Contradiction, incohérence ! Voilà que le candidat sortant — parce que je crois qu’il voulait plaire à un de ses ralliés — annonce qu’il va maintenant s’occuper de l’école et en terminer avec le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux dans l’école primaire et dans l’école maternelle. Il est bien temps, quand ont été supprimés 80 000 postes dans l’Education nationale !
Quinquennat de l’injustice, avec ses inégalités qui n’ont cessé de croître, avec ses faveurs pour les plus privilégiés et ses taxes multiples, ses prélèvements innombrables sur les plus modestes. Ce pouvoir d’achat qui recule pour tant d’entre nous, retraités, salariés précaires. Tant de doutes qui s’installent dans les esprits !
Face à ce quinquennat-là, le candidat sortant a bien conscience — je ne lis pas encore dans ses pensées, encore que, cela m’arrive… — de ses insuffisances, bien conscience de ses manquements, bien conscience de ses faiblesses. Alors, il veut occulter son bilan, comme s’il n’avait pas gouverné. Par moments dans cette campagne, je me demande si je ne suis pas le sortant ! Parce qu’il nous en ferait même le reproche, pour expliquer ses déconvenues ; ce serait finalement de notre faute, celle de François Mitterrand, de la retraite à 60 ans, celle de Lionel Jospin, des 35 heures ! Et parfois même il se prend à remonter à Léon Blum et aux congés payés ! Oui, ce serait de notre faute !
Je veux le rappeler, la Droite est au pouvoir depuis dix ans. Nicolas Sarkozy est au gouvernement de la France depuis dix ans, d’abord comme ministre, ensuite comme président de la République. Ce serait trop simple de laisser penser que finalement, ils ne seraient coupables de rien alors qu’ils sont responsables de tout!
Occulter le bilan, c’est multiplier les annonces. Alors matin, midi et soir, j’entends le candidat sortant, il a une nouvelle proposition à nous faire… Il avait oublié de l’appliquer pendant cinq ans ! Et voilà qu’il nous annonce des lois, des lois, toujours des lois… En matière de sécurité il en avait déjà fait seize, il en faut encore, toujours. Et même sur le chômage, il a la solution ! Mais que ne l’avait-il trouvée plus tôt ? Annonces toujours, sur le pouvoir d’achat. Il veut baisser les cotisations qu’il avait augmentées. Il veut encourager l’investissement qu’il avait dissuadé. Et même sur la formation des chômeurs, il a la solution ! Et même, il propose un référendum — encore qu’il n’en parle plus ces temps derniers, du référendum… Et toujours cette façon de considérer qu’en définitive, si ça va mal, c’est aussi parce qu’il y a des étrangers qui seraient venus. Alors même que là aussi, depuis dix ans, les chiffres sont incontestables, il y a en effet 200 000 nouveaux immigrés qui sont venus en situation régulière sur notre territoire. Mais c’était Nicolas Sarkozy qui était ministre de l’Intérieur et président de la République ! Et ces étrangers avaient des droits pour être acceptés sur notre territoire !
Mais le voilà qui invente la crise, il n’y serait pour rien. La crise se serait abattue comme une mauvaise pluie — vous ne la connaissez pas beaucoup, vous, la pluie, disons alors comme une mauvaise sécheresse. Comme si d’ailleurs, il n’y était pour rien, dans la crise ! Mais c’est la crise de la finance, c’est la crise du libéralisme, c’est la crise d’un capitalisme débridé — ce capitalisme, ce libéralisme qu’il revendiquait encore il y a quelques années. Et cette crise, les dirigeants européens, et donc le candidat sortant, l’ont-ils suffisamment anticipée, maîtrisée, surmontée ? Deux ans ont été laissés, hélas, à l’Europe pour surmonter la crise de la zone euro, et notamment de la Grèce. La Grèce, 3 % du PNB européen, qui connaît une défaillance, et c’est toute l’Europe qui a failli vaciller ! Et les voilà qui ressortent avec un traité : nous sommes sauvés ! Nous allons mettre l’austérité partout et nous allons chasser les mauvais vents des marchés ! Non, la logique c’est d’abord de dominer les marchés et de mettre de la croissance tout en veillant aux disciplines budgétaires indispensables.
Mais je n’avais pas tout vu ni tout entendu, et vous non plus. J’apprends ce matin en lisant un grand magazine que le candidat sortant promet d’être un président différent s’il était réélu. Nous connaissons la méthode. A chaque élection, c’est la même découverte qu’il fait de lui-même. Il se rend compte d’un seul coup qu’il lui faut changer. C’est vrai, il va falloir changer, changer de président si nous voulons changer de présidence ! Changer de président, changer de présidence mais surtout changer de politique, changer de direction, changer de perspective, changer de destin.
Nous devons, et c’est le deuxième enjeu de l’élection présidentielle, lever l’espoir, donner une belle cause à la France, une grande fierté d’aller vers l’élection en ayant toute confiance dans la suite, celle qui arrive et qui doit permettre de répondre aux angoisses, aux inquiétudes qui traversent notre pays.
Il y a, et j’en suis conscient, tant de résignation, tant de doute, tant d’interrogation sur la capacité de la politique, tant de crainte qu’il ne soit plus possible, à l’échelle d’un grand pays comme le nôtre, de maîtriser notre destin. C’est tout le sens de la campagne présidentielle que je mène depuis déjà tant de mois : non pas faire une illusion, non pas porter un discours qui ne serait qu’incantation, mais démontrer que la démocratie est plus forte que les marchés, que la politique est capable de donner une cohésion à la France, une vision à nos concitoyens, une capacité de redressement.
Je n’ignore rien, je l’ai dit, des difficultés qui assaillent tant de nos compatriotes, la précarité qui s’est élargie, ces hommes et ces femmes qui n’en peuvent plus, ces agents publics dans les hôpitaux qui s’interrogent sur la suite qu’il sera possible de donner à l’idée même de service public, ces enseignants qui eux-mêmes sont chaque jour frappés par les suppressions de postes, ces ouvriers qui s’interrogent sur la pérennité de leur emploi, ces retraités qui n’arrivent même plus à faire la jonction. D’autant que c’est sur eux, les retraités, que la solidarité entre les générations, en définitive, est demandée. Ce sont eux qui permettent aux actifs de pouvoir élever dignement leurs familles. Et parfois, ce sont toujours eux qui sont obligés de suivre les plus anciens vers la fin de vie, avec tout l’enjeu de la dépendance.
Oui, je connais toutes ces difficultés. Je sais bien qu’il y a tant d’urgences, et que je vous dois aussi, en même temps que j’affirme la volonté politique, la vérité. Nous aurons à faire des choix. Nous aurons à nous donner du temps. Mais nous aurons aussi, au-delà de l’effort, à le faire partager. C’est la raison pour laquelle j’ai tant insisté sur le redressement de notre pays, sur la justice dans les choix à faire et sur l’espérance que nous devons lever pour la jeunesse de France. Voilà mon projet, voilà ma cohérence !
Dans cette campagne, on me demande toujours si je n’ai pas une proposition à ajouter. Est-ce qu’il ne faudrait pas en donner une de plus pour convaincre ? Moi, j’ai eu la volonté de présenter 60 propositions et 60 engagements, et donc de faire en sorte que les Français sachent bien quel est le sens de l’action que je veux conduire.
J’ai voulu donner une cohérence, montrer une vision, donner une confiance, et je ne me détournerai pas de cet objectif. D’abord le redressement, le redressement en maîtrisant la finance, en permettant que la production soit la priorité de notre action. La banque publique d’investissement, le soutien aux PME, le livret d’épargne industrie ; la volonté de permettre que l’impôt sur les sociétés soit d’autant plus élevé que l’entreprise est grande est puissante, et plus bas pour les PME ; faire en sorte que l’impôt sur les sociétés soit abaissé quand l’entreprise réinvestit son bénéfice et qu’il soit augmenté quand le bénéfice est distribué aux actionnaires ; soutenir l’innovation et la création d’entreprises.
Mais aussi affirmer la priorité pour l’emploi. Nous ne pouvons pas vivre avec 4 millions de personnes privées d’emploi. Nous ne pouvons pas admettre que la précarité soit aujourd’hui le seul horizon de tant de nos compatriotes.
C’est la raison pour laquelle je fais deux propositions. Tout d’abord, la conditionnalité des aides et des exonérations de cotisations sociales pour l’emploi. C’est tout l’enjeu du contrat de génération, de la lutte contre la précarité, de la modulation des cotisations chômage selon le nombre de contrats à durée indéterminée dans l’entreprise, de manière à dissuader le temps partiel, l’intérim, la précarité obligée — notamment pour trop de femmes qui subissent cette situation.
La seconde proposition est un contrat de formation pour tous les demandeurs d’emploi qui en font la demande. Parce que pour un chômeur, et notamment pour un chômeur de longue durée, la condition du retour vers l’emploi, c’est la formation, c’est la qualification, c’est l’accompagnement.
Le redressement, mais aussi la justice qui a été si malmenée ces dernières années. Cette justice fiscale qu’il nous conviendra de rétablir par une réforme de tous les prélèvements : prélèvements des ménages, prélèvements des entreprises, fiscalité nationale, fiscalité sociale, prélèvements sociaux. Parce que nous ne pouvons pas accepter de demander quelque effort que ce soit à nos concitoyens s’il n’y a pas la conscience de la justice. Lorsque j’ai fait la proposition de taxer au-delà d’un million d’euros 75 % des rémunérations indécentes, certains s’en sont effrayés.
Et voilà que j’apprends, ces dernières heures, qu’un des patrons du CAC 40 n’avait rien trouvé de bon ou de meilleur que de s’augmenter lui-même de 16 millions d’euros ! Comment peut-on admettre qu’il y ait une rémunération supplémentaire de 16 millions d’euros ? Eh bien oui, il y aura de la justice ! Oui, il y aura, à un moment, une limite à ces revenus indécents. C’est ce que j’appelle le patriotisme : patriotisme économique, patriotisme citoyen, patriotisme fiscal aussi !
Mais la justice, ce n’est pas que la réforme des prélèvements. C’est aussi la justice sociale, et notamment la justice dans l’accès aux soins. J’encadrerai les dépassements d’honoraires. Je ferai en sorte qu’une garantie soit posée pour l’accès aux soins de tous, au-delà même de la couverture maladie universelle. Je supprimerai cette taxation qui est intervenue sur les mutuelles ou les complémentaires santé. Parce que nous avons besoin de la médecine de ville en même temps que d’hôpitaux qui doivent être rendus à leur mission de service public et qui ne peuvent pas travailler comme une entreprise, je ferai en sorte que les médecins de ville puissent avoir non seulement la rémunération de leurs actes, mais un forfait qui prendra en compte la prévention mais aussi l’installation dans des territoires déshérités ou difficiles. Je ne veux pas qu’un seul de mes concitoyens soit éloigné de plus de trois-quarts d’heure d’un service d’urgence.
Et, enfin, je veux que la justice soit aussi dans l’accès à la retraite. Je rétablirai le droit de partir à 60 ans pour celles et ceux qui ont cotisé 41 années et ont commencé à travailler à 18 ans.
La justice, c’est de faire en sorte – et ici, vous savez de quoi je parle, en matière de logement – d’encadrer les loyers là où il y a spéculation et inflation, mais aussi de mettre à la disposition de toutes les collectivités locales qui s’engagent à construire tous les terrains de l’Etat, sans aucune autre contrepartie que l’obligation de construire. Et nous imposerons – il y a ici des collectivités concernées – que les communes respectent enfin les obligations pour le logement social dans le cadre de la loi SRU. Et celles qui ne le feront pas seront lourdement dissuadées et sanctionnées.
Redressement ! Justice ! Espérance !
Espérance, parce que notre pays mérite mieux que ce qu’il a aujourd’hui ! Notre pays mérite le changement ! Notre pays mérite l’espoir. Parce que nous devons, nous tous, et au-delà de nous, retrouver dignité, confiance, respect, vision de notre avenir ! Espérance ! Espérance dans le progrès : dans le progrès scientifique, dans la recherche qu’il nous convient de soutenir. Espérance aussi dans la transition énergétique et écologique qu’il convient de conduire pour nous permettre d’avoir davantage d’énergies renouvelables, des économies d’énergie, un plan d’isolation du logement – bref, tout ce qui nous permet d’imaginer la croissance de demain.
Progrès aussi dans les nouvelles technologies. Nous devons être les premiers, en France, en matière de numérique, en matière de diffusion de toutes ces technologies de l’information. Nous devons être, aussi, une grande Nation industrielle. Et nous ferons en sorte que les grandes filières industrielles puissent avoir tout le soutien nécessaire de l’Etat et des collectivités locales pour gagner, demain, la bataille de la compétition mondiale !
Confiance, espérance dans le progrès ! Confiance, espérance dans la jeunesse de France à laquelle je veux donner toute sa place ! Ce qui veut dire que l’Education nationale sera prioritaire dans les choix, dans les arbitrages, dans les décisions que j’aurai à prendre avec le gouvernement. Les créations de postes, bien sûr, mais aussi les réformes pédagogiques, l’accompagnement des élèves les plus en difficulté, le rétablissement des moyens aux RASED, à toutes ces filières qui ont été sacrifiées, abandonnées. La priorité donnée à la maternelle, à l’école primaire, là où s’acquièrent les premiers savoirs ! Mais aussi la démocratisation de l’enseignement supérieur, la fin de ce gâchis inacceptable qui fait que trop d’étudiants sortent de l’université sans diplôme et en ayant perdu confiance dans la promesse républicaine. Et c’est la raison pour laquelle j’établirai une allocation d’études pour les jeunes qui font des parcours de formation – avec, bien sûr, des conditions de ressources.
Et espérance, aussi, dans les valeurs de la République, dans ces moments éprouvants que nous avons traversés. La seule conclusion qu’il nous faut tirer, au-delà de la protection de nos concitoyens, c’est de mettre plus de République et non pas moins de République dans la France d’aujourd’hui et de demain. C’est de mettre plus de laïcité et pas moins de laïcité dans la France d’aujourd’hui et de demain. C’est de mettre plus de citoyenneté et pas moins de citoyenneté, plus de respect, plus de dignité !
Ah la laïcité, parlons-en ! Mais parlons avec les justes mots. Ce qui doit faire aussi la distinction entre les uns et les autres dans cette élection présidentielle c’est, si je puis dire, la maîtrise du langage. Le sens des mots. Le respect des principes. Une forme d’élégance dans le vocabulaire. Le refus de la confusion, de la division, de la stigmatisation. Oui, ne pas faire une règle d’équivalence entre « immigré », « étranger », « Français d’origine étrangère ». Dire tout simplement que chacun, dans la République, doit avoir les mêmes droits et les mêmes devoirs. Et ne pas regarder les uns, les autres, simplement dans leur apparence, mais dans leur évidence ! Et l’évidence, c’est que chaque Français est un citoyen de France et appartient à la République ! La laïcité n’est pas une valeur à éclipse que l’on sort dans les moments difficiles ou tragiques. Il n’y a pas de laïcité ouverte ou positive. Il y a LA laïcité. Et elle doit être regardée non pas comme une intransigeance, mais comme un principe intangible qui suppose le respect de la liberté, de l’égalité et de la dignité humaine. Je me souviens d’un ministre de l’Intérieur qui était allé dans un congrès ou une réunion – je ne sais – d’une organisation religieuse où les femmes étaient d’un côté et les hommes de l’autre. Eh bien dans la République telle que je la conçois, les ministres n’ont pas à aller dans des réunions où il y a les femmes d’un côté et les hommes de l’autre ! Je me souviens du candidat sortant qui était allé dans un déplacement – et c’était bien son droit – au Vatican et qui avait à ce moment-là fait une distinction entre le pasteur, le curé et l’instituteur. Eh bien il n’y a pas de distinction à faire, parce que dans la République, c’est l’instituteur qui transmet le savoir – même s’il appartient, et c’est là la liberté dans la République, à chacune et à chacun d’avoir sa conscience, sa conviction et son culte, protégés et respectés.
La République, c’est notre espérance ! Et la République suppose aussi le respect de la sécurité de chacun, qui est une liberté fondamentale. Et la sécurité n’est pas l’apanage d’une formation politique ou d’un candidat. La sécurité, c’est une obligation pour tout gouvernement et tout chef de l’Etat de la faire respecter et de faire craindre à tous les délinquants la fermeté de la loi. Et là encore, depuis cinq ans, les violences aux personnes ont continué de progresser. Les effectifs de Police et de Gendarmerie ont été diminués. Un certain nombre de quartiers sont laissés à l’abandon. Des bandes se sont organisées. Eh bien je considère que la République doit être partout chez elle ! Et qu’aucun lieu, aucun territoire, aucun quartier de France ne doit être laissé à lui-même, abandonné, relégué, oublié !
Et c’est la raison pour laquelle nous rétablirons la Police de proximité qui travaillera avec d’autres forces de sécurité. Nous créerons des zones de sécurité prioritaires. Nous accompagnerons les jeunes délinquants pour qu’aucun ne puisse être frappé par la tentation de la récidive. Nous renforcerons les moyens de la protection judiciaire de la jeunesse, qui ont été – hélas ! — réduits. Nous créerons des établissements fermés pour qu’un certain nombre de jeunes puissent être là réinsérés, rééduqués, de façon à leur éviter la prison qui est souvent l’école même de la récidive – mais en même temps en leur faisant comprendre la rigueur de la loi, qui est la loi pour tous.
Espérance dans la République ! La promesse que chacune et chacun peut réussir sa vie. Voilà ce que nous avons reçu des générations qui nous ont précédés. Et voilà pourquoi nous devons reprendre cette marche vers le progrès, vers la confiance, vers notre destinée commune. Parce que nous sommes un grand pays. Nous sommes la France ! Nous n’avons pas besoin de nous replier sur nous-mêmes, de nous recroqueviller. Mais, au contraire, nous avons besoin d’être capables de nous redresser en étant fiers – et de nos valeurs, et de nos capacités à produire davantage et à le faire dans la justice ! Et pour mener cette politique, il y aura besoin d’un Etat impartial, d’un chef de l’Etat exemplaire, d’une justice indépendante, d’un Etat capable de se faire entendre – parce qu’il sera juste – et capable aussi de déléguer une part de ses compétences aux collectivités locales dans le cadre de la décentralisation, et de faire confiance aux partenaires sociaux pour négocier un certain nombre d’avancées. Et un Etat qui lui-même, dans toutes les nominations qu’il aura à prononcer, aura le souci de ne retenir que la compétence, la loyauté à l’égard de l’Etat et non à l’égard du chef de l’Etat !
Voilà, mes chers amis, ce que je veux pour la France, ce que je veux pour la République ! Dans cette campagne que je mène depuis près d’un an – et je me demande ce que je vais faire après, encore que, j’ai quelque idée ! –, quel bonheur d’être dans ces moments de rencontre ! Je mène cette campagne avec ténacité. J’ai un cap et je n’en dévie point. Je ne réponds pas aux polémiques, aux attaques, aux outrances. Je leur laisse cela ! J’ai aussi une constance. J’ai présenté 60 engagements. J’attends encore que le candidat sortant fasse son projet. En même temps, je le connais son projet : c’est son bilan !
Je le fais avec cohérence, parce que je veux que les Français sachent, lorsqu’ils voteront, ce qui sera engagé au lendemain de l’élection présidentielle. Je ne veux pas décevoir. Je ne veux pas créer une illusion, une victoire sans lendemain qui aggraverait encore le rapport de nos concitoyens à l’égard de la politique. Beaucoup de ceux qui me soutiennent – et, sans doute, une partie d’entre vous – me rappellent à ce devoir : « Surtout, surtout, promettez ce que vous êtes capable de tenir. Surtout, ne nous décevez pas. Soyez au rendez-vous et tenez bon jusqu’au bout. » Oui, je tiendrai bon jusqu’au bout !
Tenir bon, parce que je veux que nous puissions gagner l’élection présidentielle ensemble ! Tenir bon, parce que je veux que la victoire soit belle ! Tenir bon, parce que je veux donner à notre pays la conscience de son destin ! Je ne vous demande pas de m’aider. Quand je vois le candidat sortant, devant ses propres amis, lancer ce cri : « aidez-moi, aidez-moi » – mais comprenez-le, ce n’est pas facile ! Moi, ce que je veux, c’est que vous vous aidiez vous-mêmes ! C’est vous qui allez faire le choix. Je veux que vous vous aidiez à redresser la France, à réussir le changement, à préparer l’avenir – et notamment celui de la jeunesse ! Dans cette campagne – et, de ce point de vue, ce n’est qu’une répétition de l’histoire –, c’est toujours la même confrontation entre la peur et l’espoir. La Droite utilisera toutes les peurs, toutes les craintes, toutes les angoisses. Elles existent, dans notre pays : la peur de l’autre, la peur de l’avenir, la peur du changement. On nous dira : « Mais, si la Gauche revient » — c’est possible ! –, « si la Gauche revient, elle va vider les caisses. » C’est fait ! Ils nous l’ont dit ! Ils nous disent : « Mais si la Gauche revient, ça va être la dette. » Elle est historique ! C’est un niveau record ! Ils ajoutent : « Mais si la Gauche revient, la compétitivité de l’économie française sera dégradée. » Mais nous avons déjà le déficit du commerce extérieur le plus élevé de notre histoire, 70 milliards d’euros ! Et la dégradation est déjà intervenue au mois de janvier !
Et ils nous disent : « Mais si la Gauche revient, elle sera seule en Europe. » C’est un peu vrai. J’ai compris qu’il y avait une forme de Sainte-Alliance des conservateurs et des conservatrices qui s’était formée. Mais, en même temps, ils ont été choisis par leurs peuples respectifs. Et, en même temps, je sais que dans toute l’Europe, notre élection ici en France est attendue, espérée. Que beaucoup de progressistes – tous les progressistes d’Europe se disent : « Mais si seulement la Gauche française, le candidat socialiste devenait le prochain président de la République, alors il serait possible de changer l’orientation de l’Europe. » Et c’est vrai ! Nous allons changer l’orientation de l’Europe ! Parce que, voyez-vous, même chez les conservateurs d’Europe, il y en a qui ont compris – sans devenir socialistes pour autant – que s’il n’y avait pas de croissance en Europe, que s’il n’y avait pas la renégociation du traité budgétaire d’austérité, alors il ne serait pas possible de réduire les déficits et de maîtriser la dette dans chacun de leur pays. Et même – je ne veux pas, là non plus, anticiper –, je pense que chez certains chefs de gouvernement, même conservateurs, préféreraient que ce soit nous plutôt que lui. Parce que la France est attendue ! Parce que la France est espérée ! Parce que la France un grand pays qui peut par lui-même, en respectant tous les pays qui veulent eux aussi qu’il y ait de la prospérité et de la croissance, oui, la France peut être capable, avec vous, avec le mandat que vous me donnerez le 6 mai, de changer la direction de l’Europe!
Alors ces peurs, surmontez-les ! Je vais vous raconter une histoire qui m’avait été rapportée par un député de Droite, mais qui était un grand écrivain et un académicien. Cette histoire était la suivante. Un jour, le courage frappe à la porte de la peur. La peur demande : « Qui est là ? » Le courage répond : « C’est moi, le courage. » La peur avertit : « Courage, sachez bien que je suis la peur et que vous ne devez pas entrer. » Le courage, n’entendant que son courage, force la porte et, à sa grande surprise, découvre qu’il n’y a personne derrière la porte. Parce que la peur est un spectre. Parce que la peur est, en définitive, une invention, une illusion de l’esprit. Un fantôme que l’on agite. Et à chaque fois que l’espoir prend son courage, eh bien il vainc l’angoisse, la peur et la crispation !
Le danger le plus grand serait, en définitive, de penser que nous ne pouvons plus agir. Et toute cette campagne doit nous permettre de rendre irréversible le changement. Rien n’empêchera le changement qui arrive ! Rien n’arrêtera le mouvement qui est engagé ! Le changement nécessaire ! Le changement exigeant. Rien ne pourra le freiner. Ah, je connais les forces qui sont devant nous : les forces de la division, les forces de la soumission, les forces de l’argent, les forces de la réaction. Mais, en même temps, je sais que la plus grande force, c’est celle du suffrage universel. C’est celle de la mobilisation citoyenne. C’est celle de la confiance du peuple à l’égard de son avenir. Donnez-moi, dès le 22 avril, la force nécessaire ! Je suis candidat non pas simplement pour exprimer une colère, un refus, une volonté simplement de m’opposer ! Non ! Je suis candidat pour gagner, pour changer, pour réussir !
La Droite ne peut escompter rester au pouvoir que si les Français venaient à douter d’eux-mêmes, que si l’abstention était au rendez-vous du premier tour et du second tour. La Droite ne peut escompter se prolonger encore cinq ans de plus que si nous étions dispersés, divisés. Je veux rassembler ! Rassembler dès le premier tour le plus grand nombre d’électeurs et d’électrices ! Rassembler au second tour toutes celles et tous ceux qui voudront le changement ! Je veux créer ce mouvement dès maintenant ! Le rendre irréversible. Je veux que la victoire se dessine. Elle est là, elle est tout proche ! Elle n’est pas acquise. Rien n’est fait. Rien n’est joué. Rien n’est décidé. Cela dépend de vous !
La victoire, c’est vous qui allez la construire avec moi si vous en décidez ! La victoire ! La victoire de la Gauche, la victoire de la République et la victoire de la France, qui doit elle-même se sentir, avec nous, en confiance pour son destin !
Le changement, c’est le 22 avril ! Le changement, c’est maintenant ! Et le changement, c’est la France !
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